S’il n’y avait que ça. Mais en plus elle est intelligente et elle réussit.

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A l’inverse, je suis marron partout, je n’ai rien à dire à personne, j’ai des amis à l’autre bout de la France et je ne sors jamais. J’aime ma télé, ma musique, mes bouquins. Et je suis moins intelligente qu’elle.
Le pire c’est ça : l’inconvénient de se sentir laide et seule ne se compense qu’avec la fierté d’être très intelligente et cultivée. Mais voilà : depuis peu, et à cause d’elle, je me sens nulle partout.
Enfin, je me sentais nulle. Car voilà, il faut faire le bilan de ma jeune vie pour s’apercevoir que le bonheur a largement dominé. Ce n’est pas une petite blonde qui va le gâcher ! ! Il faut savoir se relever dans la vie. Je suis tombée il y a quelques instants il me semble, quand j’ai réalisé qu’elle avait tout pour elle et que surtout, elle était aimée de tous. La vierge Marie version suédoise. Alors qu’une grande fifille se promenait toute seule dans les couloirs de la fac, sainte Marie était entourée d’une groupie. Nan, j’exagère, elle avait deux copines. Enfin pour moi c’est pareil, je n’ai pas d’amis. Enfin, je n’en avais pas jusqu’à ce que je décide de m’ouvrir, et c’est là que je me suis relevée… une première fois. Oui parce je suis devenue sa copine, entre autres, et maintenant on est quelques-unes unes à former un petit groupe hétérogène, belles filles, marrantes, toujours de bonne humeur et qui avancent joyeusement dans la vie. Le problème est survenu quand je me suis rendue compte que, décidément elle était plus populaire. Rien à faire. En même temps, je ne parle pas, je ne souris pas, je suis un poster. Forcément, je ne pourrais pas être la plus populaire. Mais que ça m’agace, elle est là, toute souriante et tout le monde la regarde et l’écoute, comme la mère du Messie en gros.
Deuxième chute. C’est là qu’il faut se demander pourquoi ? En effet, j’ai toujours été un peu en retrait mais ce n’est pas par timidité, plutôt par ma propre volonté de me protéger : ma vie amicale n’a été faite que d’amis qui sont partis –par la force des choses, la vie quoi-, forcément il arrive à un moment où on n’en veut plus des amis. Or, je ne me suis jamais plaint de ce retrait et les filles populaires, il y en a des tas, j’en ai connu plein, et jamais elles ne m’ont dérangé. Au contraire, je les aimais bien et c’est tellement agréable de voir des personnes belles et souriantes et intéressantes surtout.
Alors pourquoi celle-là m’a posé un problème ? Je pense que je venais de me relever et que j’attendais beaucoup de choses de cette renaissance, en d’autres points réussie par ailleurs. D’ailleurs, j’ai rapidement remarqué son charisme au sein d’un groupe. Mais au fil des mois, le fait qu’elle l’ouvre a fait que j’ai commencé à me la fermer. Tout simplement parce que je ne suis pas toujours d’accord avec elle et que je me suis confrontée à elle : oh quelle erreur. J’ai trahi une religion, je suis une vraie hérétique. Ce fut là mon malheur. Car qui idolâtrerait un poster plutôt que d’écouter une sainte. Je suis devenue le vilain petit canard.
Bon d’accord, j’exagère encore, je sais qu’on m’apprécie. Mais avec elle, c’est plus pareil. C’est comme si on était entrée en rivalité.
C’est là que je me relève une deuxième fois. Car qui dit rivalité, dit potentiel égal. Donc je suis à sa hauteur. Mon Dieu merci, moi aussi je pourrais être canonisée !Alors ma confiance est restaurée. Je vais pouvoir parler comme je veux devant elle, après tout… ce n’est qu’une blonde !
Mais surtout, c’est une copine, et finalement, on passe de bons moments ensemble. Elle me fait rire, et elle sait que je suis attentive à ce qu’elle dit. Et même si elle l’est moins à mon égard, ce n’est pas grave car je n’ai pas absolument besoin d’elle pour me sentir bien. Et qui sait, à force, on deviendra amie, malgré nos « confrontations ». D’ailleurs c’était avec une de mes plus grandes amies, il y a quelques années, que j’eut mes plus belles disputes ! Qui sait ? Ce n’est pas la jalousie ni l’envie qui fera mon succès. C’est en avançant sur mon petit bout de chemin et elle ne pourra que m’aider : sa réussite me motive d’autant plus car au fond de moi, quand j’arrête d’être bête et de me dévaloriser, je sais que je suis tout aussi intelligente, que je suis cultivée, que j’ai des choses à dire (oui, oui !) et j’ai plein de soirées de prévues (lol). Et je n’ai pas les yeux bleus ni les cheveux blonds mais il paraît que je suis la plus belle - les rêves servent à ça-. En tout cas, il faut tenir tête, toujours savoir se relever, souffler sur la petite mèche d’effort, relever les manches, et se jeter dans le bonheur complet, comme je l’avais toujours fait.
Toute une petite anecdote pour voir que la vie ce n’est pas ça : regarder les autres et pleurer, toujours se comparer. Le bonheur est ailleurs. Marie restera toujours sainte mais bon nombre d’hommes et de femmes sont venus après et ont fait la joie des peuples. L’amitié n’est pas histoire de rivalité et ce n’est pas en essayant d’apporter la bonne parole qu’on apporte le plus de sourire. Combien de fois me suis-je dit que sans moi le monde se porterait mieux ! Mais maintenant, à y réfléchir, si je partais là, combien de proches souffriraient à cause de moi. Même elle, cette petite blonde qui tua mes nuits, ruina mes soirées, qui éveilla mes matins en angoisse, même elle serait si triste maintenant qu’elle me connaît, si je n’étais plus là. Et c’est réciproque.
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