Qu’est-ce qui fait que l’on ait peur de l’avenir ? Est-ce la peur de la future vie qui nous attend de pied ferme ou est-ce la peur d’une mort certaine, qui nous attend d’un pied encore plus ferme ?
C’est peut-être les deux mais pourquoi devrait-on avoir peur ? Comme quand on peur du noir, en fait, c’est l’inconnu.
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Mais pourquoi a-t-on peur de l’inconnu ? Après tout, il peut être super. Peut-être que la vie future est géniale, peut-être que la mort, c’est génial. Après tout, puisque l’on ne sait pas, pourquoi s’attend-on au pire ou tout simplement pourquoi n’acceptons pas le destin et sommes soumis au pessimisme. C’est vrai, on se dit, « merde alors, je vais mourir ». Mais on pourrait se dire, « chouette alors, je vais mourir ». C’est vrai, peut-être que la mort n’est qu’un moment de l’univers, comme la vie, ou que ce n’est qu’un événement comme le mariage. Pourquoi tout serait tout noir et tout vide ? Et même si cela l’était, pourquoi serait-ce ennuyeux ? Peut-être que le vide est plus agréable que le plein vital.
Que sait-on, comment peut-on juger ?
C’est ce sentiment d’appréhension qui est bizarre. On appréhende un jour d’examen, et puis finalement ça se passe super bien et on devient très bon en la matière. Et même si ce jour d’examen se passe mal, il y a le jour d’après, et ce peut être encore mieux. Un échec n’est pas une finalité, il y a un après et ce peut être encore meilleur. Et si c’est pire, demande-t-on ? Alors la mort n’entrerait-elle pas dans ce jeu pour faire que ce soit meilleur ? La mort n’est peut-être pas une finalité, juste un passage. C’est la fin de la vie mais c’est peut-être le début de quelque chose d’autre, innommable, et bien mieux.
Forcément, ce peut être pire mais pourquoi avons-nous toujours tendance à penser que ce sera moins bien. On aime tant la vie ? C’est peut-être une réponse.
Mais on peut faire l’analogie avec la vie elle-même. Combien de fois dit-on, c’est le meilleur jour de ma vie et finalement il y a toujours un autre jour pour que l’on répète cette phrase. C’est peut-être pareil avec la mort : on se dit, c’est si bon la vie…et peut-être qu’on se dira, c’est si bon la mort.
Je ne fais pas une apologie de la mort. J’aime la vie et je ne désire pas mourir. C’est juste que j’essaie de raisonner pour ne pas qu’on soit si angoissé par l’idée de la mort.
Que pensent les personnes qui sont plus près de la mort par leur âge ? Je n’en ai jamais entendu qui aient dit qu’ils en avaient peur, ni qui aient dit que la mort est le repos. Ce sont peut-être vraiment les plus sages…la vie est fatigante et au bout du compte, la mort, le repos est mieux…
Cependant quoi que l’on puisse dire, on ne le sera jamais de notre vivant. Personne ne pourra témoigner des biens faits (ou le contraire) de la mort. Et c’est ça le pire pour l’homme. Car s’il savait ce qu’était la mort, même si pire que la vie, il ne la craindrait pas autant. Je le pense car on craint moins la douleur quand on s’y attend que quand on ne s’y attend pas. L’anticipation nous permet d’avoir moins peur. Et comme nous ne pouvons pas anticiper la mort, nous en avons peur. Surtout qu’elle frappe sans que personne ne s’y attende. On ne prévoit pas la mort comme on prévoit son mariage. L’homme a besoin de prévoir et c’est pour ça qu’il n’aime d’autant pas l’idée de la mort.
En somme la mort, et le rapport que l’on a avec elle, est complexe et assez difficile à expliquer et à résumer.
Mais là où je voulais en venir c’est que, il faut essayer d’arrêter de craindre la mort. Comme je l’ai déjà dit, elle est peut-être superbe. Alors cessons d’y penser et profitons de la vie, car elle aussi est superbe.
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La honte de Dieu

ça suffit! la prochaine fois que je créerai un univers, je donnerai aux habitants du bubblegum au lieu du libre arbitre
mercredi 19 octobre 2005
Craindre la mort
Qu’est-ce qui fait que l’on ait peur de l’avenir ? Est-ce la peur de la future vie qui nous attend de pied ferme ou est-ce la peur d’une mort certaine, qui nous attend d’un pied encore plus ferme ?
C’est peut-être les deux mais pourquoi devrait-on avoir peur ? Comme quand on peur du noir, en fait, c’est l’inconnu.
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C’est peut-être les deux mais pourquoi devrait-on avoir peur ? Comme quand on peur du noir, en fait, c’est l’inconnu.
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mardi 18 octobre 2005
Entre froid et chaud
Un petit délire
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Beau temps sur la planète R****. Mais en fait c’est un temps bizarre. Il ne fait ni chaud, ni froid. Quand il fait chaud, on n’est comme dans du coton et quand il fait froid on tremble comme si on était enfermé dans un congélateur.
Je n’aimerais pas être enfermée dans un congélateur. Je ne pense pas que les sensations soient agréables au bout d’un moment. D’ailleurs, pas la peine d’attendre un moment : il suffit juste de rentrer dans un congélateur et on se croit sous un blizzard au pôle Nord, bien que je ne sois pas sûre qu’il y ait souvent des blizzards au pôle nord.

Je n’aimerais pas être dans un blizzard au pôle nord de toutes les façons, avec pour seul ami un ours blanc qui n’a pas mangé depuis quatre mois. Je ne pense pas que sa compagnie me serait agréable non plus. Je pense que soit, trop pétrifiée par la peur et surtout par le froid polaire, je me ferais déchiqueter sur place avec pour seule défense mon cri perçant à travers le vent glacial, soit, courageuse et réchauffée par un instinct de survie, je courrais, courrais, courrais, à travers les plaines gelées de l’Arctique. Quoi qu’il en soit, ça ne me plairait pas de me retrouver là du tout.
D’un autre côté, si on m’assurait que je n’aurais jamais froid et que je ne serais jamais mangée par un ours polaire, qui jouerait plutôt le rôle du gros nounours protecteur durant mon sommeil, un peu comme le yeti Georges de la pub, et bien je voudrais bien aller visiter le pôle nord. Ce doit être fantastique. Evidemment, il faudrait aussi que ce soit pendant la période où je puisse voir le soleil… Ce doit être magnifique. Tout ce paysage blanc et figé, qui, par son étendue et sa pureté, ne fait craindre ni l’infini, ni même la mort puisqu’on a la sensation d’être éternel.
Cependant, même si je ne meurs que dans 60 ans, je pense que je ne verrais jamais le pôle nord. D’une part, parce qu’il fait donc très froid et les ours blancs ne sont pas les meilleurs amis de l’Homme, d’autre part parce que si j’y vais un jour, ce sera le jour où je serais téméraire enfin et que j’aurais les moyens de faire une telle excursion. Mais en attendant ce jour-là, malheureusement il semble que la planète va changer et que le pôle nord ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui… peut-être que le terme polaire ne désignera plus le même paysage et le même climat…
C’est bien triste tout ça, n’est-ce pas ? ? Mais que fait-on pour changer ? Presque rien. Il existe déjà des microclimats dans les grandes métropoles. L’air se réchauffe, les arbres se font abattre et les Hommes continuent de jeter leur déchet dans l’atmosphère pollué de notre pauvre belle planète. La fonte des glaces est annoncée, les cyclones se multiplient et les saisons ne consistent plus qu’en une pluie qui tombent sans cesse ou des terres qui sèchent sans fin.
Que fait-on, nous, automobilistes, utilisateurs de bombes multiples telles que aérosol de laque et de parfum de toilettes, tueurs de plantes vertes, travailleurs d’usines industrielles, fumeurs écervelés de tabac et j’en passe, que fait-on ? Pour améliorer tout ce carnage atmosphérique ?
On ralentit, oui au lieu de rouler à 115km/h, on roule à 105km/h, mais c’est plus par peur des radars que pour l’intérêt de l’environnement. On a jeté les bombes lacrymogènes mais on achète toujours plus d’encens, on achète des bonzaïs à notre intermarché mais on abat toujours plus d’arbres d’Amazonie, on manifeste contre le nucléaire mais…voilà le résultat.
Tant pis. On verra bien, dans 20 ans, même dans 10 ans. Il y a 10 ans, moi je voyais mon pré en face de chez moi avec les vaches et j’étais heureuse.
Aujourd’hui, je vois des immeubles et des voitures fumantes mais bon, je suis heureuse quand même. C’est ça le grand malheur de l’humanité !
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Beau temps sur la planète R****. Mais en fait c’est un temps bizarre. Il ne fait ni chaud, ni froid. Quand il fait chaud, on n’est comme dans du coton et quand il fait froid on tremble comme si on était enfermé dans un congélateur.
Je n’aimerais pas être enfermée dans un congélateur. Je ne pense pas que les sensations soient agréables au bout d’un moment. D’ailleurs, pas la peine d’attendre un moment : il suffit juste de rentrer dans un congélateur et on se croit sous un blizzard au pôle Nord, bien que je ne sois pas sûre qu’il y ait souvent des blizzards au pôle nord.

Je n’aimerais pas être dans un blizzard au pôle nord de toutes les façons, avec pour seul ami un ours blanc qui n’a pas mangé depuis quatre mois. Je ne pense pas que sa compagnie me serait agréable non plus. Je pense que soit, trop pétrifiée par la peur et surtout par le froid polaire, je me ferais déchiqueter sur place avec pour seule défense mon cri perçant à travers le vent glacial, soit, courageuse et réchauffée par un instinct de survie, je courrais, courrais, courrais, à travers les plaines gelées de l’Arctique. Quoi qu’il en soit, ça ne me plairait pas de me retrouver là du tout.
D’un autre côté, si on m’assurait que je n’aurais jamais froid et que je ne serais jamais mangée par un ours polaire, qui jouerait plutôt le rôle du gros nounours protecteur durant mon sommeil, un peu comme le yeti Georges de la pub, et bien je voudrais bien aller visiter le pôle nord. Ce doit être fantastique. Evidemment, il faudrait aussi que ce soit pendant la période où je puisse voir le soleil… Ce doit être magnifique. Tout ce paysage blanc et figé, qui, par son étendue et sa pureté, ne fait craindre ni l’infini, ni même la mort puisqu’on a la sensation d’être éternel.
Cependant, même si je ne meurs que dans 60 ans, je pense que je ne verrais jamais le pôle nord. D’une part, parce qu’il fait donc très froid et les ours blancs ne sont pas les meilleurs amis de l’Homme, d’autre part parce que si j’y vais un jour, ce sera le jour où je serais téméraire enfin et que j’aurais les moyens de faire une telle excursion. Mais en attendant ce jour-là, malheureusement il semble que la planète va changer et que le pôle nord ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui… peut-être que le terme polaire ne désignera plus le même paysage et le même climat…
C’est bien triste tout ça, n’est-ce pas ? ? Mais que fait-on pour changer ? Presque rien. Il existe déjà des microclimats dans les grandes métropoles. L’air se réchauffe, les arbres se font abattre et les Hommes continuent de jeter leur déchet dans l’atmosphère pollué de notre pauvre belle planète. La fonte des glaces est annoncée, les cyclones se multiplient et les saisons ne consistent plus qu’en une pluie qui tombent sans cesse ou des terres qui sèchent sans fin.
Que fait-on, nous, automobilistes, utilisateurs de bombes multiples telles que aérosol de laque et de parfum de toilettes, tueurs de plantes vertes, travailleurs d’usines industrielles, fumeurs écervelés de tabac et j’en passe, que fait-on ? Pour améliorer tout ce carnage atmosphérique ?
On ralentit, oui au lieu de rouler à 115km/h, on roule à 105km/h, mais c’est plus par peur des radars que pour l’intérêt de l’environnement. On a jeté les bombes lacrymogènes mais on achète toujours plus d’encens, on achète des bonzaïs à notre intermarché mais on abat toujours plus d’arbres d’Amazonie, on manifeste contre le nucléaire mais…voilà le résultat.
Tant pis. On verra bien, dans 20 ans, même dans 10 ans. Il y a 10 ans, moi je voyais mon pré en face de chez moi avec les vaches et j’étais heureuse.
Aujourd’hui, je vois des immeubles et des voitures fumantes mais bon, je suis heureuse quand même. C’est ça le grand malheur de l’humanité !
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lundi 17 octobre 2005
Sur l'oubli de l'Histoire...
C’est incroyable comme l’humanité peut passer à côté des choses. Des choses graves et récurrentes, des choses dont on parle une fois puis qu’on oublie alors que leur gravité ne s’efface pas. Comment peut-on vivre ainsi, avec notre Histoire, si importante, et oublier qu’il existe un présent. A quoi servent-ils tous ces sermons sur le passé et les mises en garde pour le future, si on oublie le présent ?
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Saddam Hussein, l’ancien chef de l’Irak, va être jugé très bientôt pour tous les crimes qu’il a commis dans le passé. Mais va-t-il être vraiment jugé pour TOUS ses crimes ?
Hier, j’ai regardé les informations et j’ai réalisé, mais cet homme a commis un génocide ! Savez-vous qui sont les Kurdes ? Savez-vous où ils habitent, ce qu’ils vivent, ce qu’ils ont vécu ? Savez-vous vraiment quel peuple est-ce ? Non, tout le monde s’en fout…
Et pourtant ce peuple a été gazé et exterminé. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Combien de fois nous a-t-on parlé du peuple juif et de la Shoah ? Combien de fois nous a-t-on rappelé qu’il y avait un devoir de mémoire ? Combien de livres dissertent sur ce passage noir de l’Histoire ?
Et pourtant ! ! ! Aujourd’hui, et depuis des années, un autre peuple a vécu cela. Cependant, personne ne s’en est aperçu. Ou plutôt, si, sûrement que quelques hommes le savaient pertinemment. Et sont-ils venus en aide pour sauver ces pauvres gens ? Combien de morts et de disparus a-t-il fallu avant que ça se réveille ? A quoi sert-il de nous faire du bourrage de crâne de l’Holocauste, du « plus jamais ça », si c’est pour dormir sur ses deux oreilles alors que des hommes se font massacrer. L’humanité est stupide et cinglée. Elle aime ces histoires de martyr, n’est-ce pas ? Ah, les « pauvres juifs », mais ce ne sont que des paroles, et ça maintenant ça s’est passé il y a 60 ans. Aujourd’hui, ne faudrait-il pas réagir, ou alors faut-il encore attendre 50 et s’écrier « Ah les pauvres kurdes ». Quel monde méprisable !
Et ces pauvres Kurdes là, ils n’ont même pas été « sauvés » dans leur intérêt. Il a fallu attendre qu’une guerre se déclare en Irak. Et quelle guerre ! ! Pour qui a-t-elle servi, on se pose la question… Quels intérêts a-t-elle servis ? On le murmure mais personne n’en parle à haute voix. Que l’humanité est lâche !
Maintenant, il faudra attendre une reconnaissance du génocide kurde, comme on a attendu si longtemps une reconnaissance du génocide arménien.
Pendant ce temps là, le peuple sera blessé en son âme pour toujours, à la recherche de leurs proches perdus et personne ne viendra les assister dans leur douleur.
A quoi sert-il de donner des leçons si c’est pour refaire en boucle les mêmes erreurs ?
Je voudrais tellement venir en aide à ceux qui souffrent tellement que, je peux comprendre, la vie n’ait aucun sens pour eux. Est-ce que beaucoup de personnes sont dans mon cas ? Est-ce que finalement l’humanité n’est pas si cruelle mais qu’elle désire assister les défavorisés dans leur misère ? Mais la peur les retient, comme moi… Je suis terrifiée à l’idée d’aller sur le terrain et d’aider ces pauvres gens. C’est vrai j’aime mon confort mais surtout, j’aime mon impression de sécurité. Et l’insécurité me fait si peur, que je n’imagine pas mettre les pieds sur un sol souillé encore aujourd’hui par le sang. Ne serais-je jamais assez brave pour entrer dans une organisation d’aide humanitaire ?
C’est là que je réalise que toute mon indignation au fait que les Kurdes soient laissés pour compte ne sert à rien. Ça ne ressuscitera pas les morts et ça ne les fera certainement pas oublier les préjudices qu’ils ont subis.
C’est là que je réalise que je suis comme la plupart : lâche.
Est-ce la lâcheté qui fait vivre les guerres, qui permet les génocides, qui alimente la violence et l’indifférence ?
A quoi sert-il de donner des leçons si ce n’est pas pour montrer l’exemple ?
dessin de Cabu
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Saddam Hussein, l’ancien chef de l’Irak, va être jugé très bientôt pour tous les crimes qu’il a commis dans le passé. Mais va-t-il être vraiment jugé pour TOUS ses crimes ?
Hier, j’ai regardé les informations et j’ai réalisé, mais cet homme a commis un génocide ! Savez-vous qui sont les Kurdes ? Savez-vous où ils habitent, ce qu’ils vivent, ce qu’ils ont vécu ? Savez-vous vraiment quel peuple est-ce ? Non, tout le monde s’en fout…
Et pourtant ce peuple a été gazé et exterminé. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Combien de fois nous a-t-on parlé du peuple juif et de la Shoah ? Combien de fois nous a-t-on rappelé qu’il y avait un devoir de mémoire ? Combien de livres dissertent sur ce passage noir de l’Histoire ?

Et ces pauvres Kurdes là, ils n’ont même pas été « sauvés » dans leur intérêt. Il a fallu attendre qu’une guerre se déclare en Irak. Et quelle guerre ! ! Pour qui a-t-elle servi, on se pose la question… Quels intérêts a-t-elle servis ? On le murmure mais personne n’en parle à haute voix. Que l’humanité est lâche !
Maintenant, il faudra attendre une reconnaissance du génocide kurde, comme on a attendu si longtemps une reconnaissance du génocide arménien.
Pendant ce temps là, le peuple sera blessé en son âme pour toujours, à la recherche de leurs proches perdus et personne ne viendra les assister dans leur douleur.
A quoi sert-il de donner des leçons si c’est pour refaire en boucle les mêmes erreurs ?
Je voudrais tellement venir en aide à ceux qui souffrent tellement que, je peux comprendre, la vie n’ait aucun sens pour eux. Est-ce que beaucoup de personnes sont dans mon cas ? Est-ce que finalement l’humanité n’est pas si cruelle mais qu’elle désire assister les défavorisés dans leur misère ? Mais la peur les retient, comme moi… Je suis terrifiée à l’idée d’aller sur le terrain et d’aider ces pauvres gens. C’est vrai j’aime mon confort mais surtout, j’aime mon impression de sécurité. Et l’insécurité me fait si peur, que je n’imagine pas mettre les pieds sur un sol souillé encore aujourd’hui par le sang. Ne serais-je jamais assez brave pour entrer dans une organisation d’aide humanitaire ?
C’est là que je réalise que toute mon indignation au fait que les Kurdes soient laissés pour compte ne sert à rien. Ça ne ressuscitera pas les morts et ça ne les fera certainement pas oublier les préjudices qu’ils ont subis.
C’est là que je réalise que je suis comme la plupart : lâche.
Est-ce la lâcheté qui fait vivre les guerres, qui permet les génocides, qui alimente la violence et l’indifférence ?
A quoi sert-il de donner des leçons si ce n’est pas pour montrer l’exemple ?
dessin de Cabu
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Le bonheur par la fenêtre
Chaque matin, on regarde par la fenêtre et chaque matin on voit la même chose. Les voitures qui passent et les passants qui se dépêchent comme si aujourd’hui était leur dernière journée.
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L’herbe est toujours verte et les trottoirs toujours gris. De ma fenêtre, je peux voir le parc en face, avec ses arbres qui restent étonnamment verts pour un mois d’octobre. Un oiseau vient encore picorer. Comme le ciel est bleu et qu’il ne fait pas froid, je me crois en septembre, quand l’été se termine et qu’il ne reste que les souvenirs de soleil, de rire et de chaleur.
Pourtant, le travail a repris et, chaque matin que l’on regarde par la fenêtre, on pense tristement qu’il faut se préparer et partir travailler, comme la plupart des personnes qui marchent en bas de la rue, l’air renfrogné.
Chaque matin est égal, n’est-ce pas ? Et pourtant… .
Et pourtant, si le ciel est toujours bleu, ce ne sont pas les mêmes oiseaux qui y volent, si l’herbe est toujours verte, ce ne sont pas les mêmes feuilles qui y tombent, si les trottoirs sont toujours gris, ce ne sont pas toujours les mêmes chaussures qui le foulent.
Je regarde chaque matin par ma fenêtre mais je ne vois jamais les mêmes visages. Je ne ressens jamais la même chose qu’hier, je ne ressentirai pas le même chose demain. Chaque matin est différent finalement, et finalement, je ne suis pas triste de me lever à chaque lever de soleil, et de regarder dehors, même la pluie, même le vent, même si les arbres devenaient sombres.
Ce qui compte, c’est que je puisse me lever chaque matin et me dire, wow, je vis et là les gens, en bas, ils vivent alors pourquoi devraient-il être tristes ?
Est-ce que les gens préfèrent déprimer et se laisser prendre par le mauvais côté de la vie ? Ne voient-ils pas que, en regardant par la fenêtre, le ciel est toujours au-dessus de notre tête et quelle que soit la couleur de nos yeux et la couleur des nuages, le ciel reste bleu ? Ne voient-il pas comme il peut être simple d’être heureux, juste en considérant que chaque matin, on se lève et on respire et que la journée même semblable aux autres est peut-être plus riche qu’ils ne l’attendent même sans s’en apercevoir ?
C’est la vie d’aujourd’hui, que la société veuille faire des heureux, que le mot d’ordre soit le bonheur mais que les gens soient malheureux. C’est un choix de vie. Ils ne veulent pas essayer pour certains.
Moi, j’essaie et malgré mes crises d’angoisse, malgré le travail qui m’attend sur mon bureau chaque jour de ma vie qui passe, je regarde par la fenêtre et je suis heureuse
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L’herbe est toujours verte et les trottoirs toujours gris. De ma fenêtre, je peux voir le parc en face, avec ses arbres qui restent étonnamment verts pour un mois d’octobre. Un oiseau vient encore picorer. Comme le ciel est bleu et qu’il ne fait pas froid, je me crois en septembre, quand l’été se termine et qu’il ne reste que les souvenirs de soleil, de rire et de chaleur.
Pourtant, le travail a repris et, chaque matin que l’on regarde par la fenêtre, on pense tristement qu’il faut se préparer et partir travailler, comme la plupart des personnes qui marchent en bas de la rue, l’air renfrogné.
Chaque matin est égal, n’est-ce pas ? Et pourtant… .

Et pourtant, si le ciel est toujours bleu, ce ne sont pas les mêmes oiseaux qui y volent, si l’herbe est toujours verte, ce ne sont pas les mêmes feuilles qui y tombent, si les trottoirs sont toujours gris, ce ne sont pas toujours les mêmes chaussures qui le foulent.
Je regarde chaque matin par ma fenêtre mais je ne vois jamais les mêmes visages. Je ne ressens jamais la même chose qu’hier, je ne ressentirai pas le même chose demain. Chaque matin est différent finalement, et finalement, je ne suis pas triste de me lever à chaque lever de soleil, et de regarder dehors, même la pluie, même le vent, même si les arbres devenaient sombres.
Ce qui compte, c’est que je puisse me lever chaque matin et me dire, wow, je vis et là les gens, en bas, ils vivent alors pourquoi devraient-il être tristes ?
Est-ce que les gens préfèrent déprimer et se laisser prendre par le mauvais côté de la vie ? Ne voient-ils pas que, en regardant par la fenêtre, le ciel est toujours au-dessus de notre tête et quelle que soit la couleur de nos yeux et la couleur des nuages, le ciel reste bleu ? Ne voient-il pas comme il peut être simple d’être heureux, juste en considérant que chaque matin, on se lève et on respire et que la journée même semblable aux autres est peut-être plus riche qu’ils ne l’attendent même sans s’en apercevoir ?
C’est la vie d’aujourd’hui, que la société veuille faire des heureux, que le mot d’ordre soit le bonheur mais que les gens soient malheureux. C’est un choix de vie. Ils ne veulent pas essayer pour certains.
Moi, j’essaie et malgré mes crises d’angoisse, malgré le travail qui m’attend sur mon bureau chaque jour de ma vie qui passe, je regarde par la fenêtre et je suis heureuse
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lundi 5 septembre 2005
Paula
Mona est une rêveuse...peut-être trop, car en ces temps de malheur, elle ne sait pas voir les véritables choses...
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« Mona. Mona. Réveille –toi. Mona, tu sais, tu dors trop. Il fait beau, il fait chaud. Viens, on va dehors. On va se promener. Au bord de la Seine, il y a des bancs. Viens, on va s’asseoir, discuter. On va fermer les yeux, se laisser aller au soleil. On va rêver éveiller. Mais il ne faut plus dormir. »
Paula ouvre les rideaux. Elle regarde par la fenêtre et regarde les passants, en bas, dans la rue. Il y en a si peu en ce moment. Surtout le soir. Le soir, quand Paula regarde par la fenêtre, il n’y a personne. La nuit, le brouillard, le froid. La ville est enveloppée mais les habitants ne sont nulle part. Le soir, quand Paula voudrait sortir s’amuser, boire, danser, aucun partenaire ne vient la chercher. Elle attend, seule, dans la cuisine décrépie mais personne ne frappe à sa porte. Elle imagine, un garçon, pas encore un homme, souriant, un bouquet de muguet dans une main, la regarder à travers la porte d’entrée : « Paula, ce soir je t’emmène. On descend au bar de Laurette, on va chanter avec les amis. Après on ira danser chez Sarah et Miguel. Tu sais, Sarah et Miguel Lévi. Et puis, avant de te ramener, on ira chez moi. On va boire, on va rire. Et je te ferai l’amour » Mais Paula attend et personne ne vient. Sarah et Miguel n’invitent plus personne. Les bars sont fermés. Son amant est loin.
Paula se retourne vers Mona, allongée sur le lit. Elle observe son amie. Si belle, si blanche. Elle a des taches de rousseur sur le nez. Elle aimerait bien que Mona ouvre les yeux. Elle aime tant la couleur de ses yeux. Ils sont marrons. Marron noisette. Ils lui rappellent les yeux de sa sœur, Anne. Anne n’ouvrira plus jamais les yeux.
Paula ouvre la fenêtre et commence à chantonner. Elle pense à sa mère, qui lui chantait si bien les airs de Zarah Leander. Elle jouait aussi du piano. Schumann, Bach. Toutes ces mélodies ont bercé son enfance. Elle se rappelle les longs cheveux blonds de sa mère. Différente de sa sœur, Paula avait pris les yeux bleus de sa mère. Mais la beauté de cette dernière est inégalable. C’est peut-être grâce à tant de beauté que sa mère avait survécu alors qu’Anne, et son père, s’étaient éteints, tous les deux, tout au début.
Paula continue de chanter et se met à virevolter. Elle sourit, elle a chaud, elle voudrait bien enlever sa robe. « Mona, réveille-toi. Mets ton maillot, on va se baigner. Il fait si chaud, je n’en peux plus. Tu sais, à force de dormir, tu vas tomber malade. Ne te mets pas dans un état léthargique. »
Paula s’assoit près de Mona et caresse ses cheveux roux. Elle a des cheveux si doux, Mona. Elle a un visage si pâle. Paula soupire et s’allonge, serrant contre elle, le corps frêle de son amie.
Elle connaît Mona depuis l’enfance. Sa mère, si belle avait recueilli Mona quand celle-ci avait perdu ses parents, morts dans un accident de voiture si jeunes. Mona aussi était très jeune. Cinq, six ans. Paula avait huit ans. Mais bientôt, le père de Paula mourra aussi, de la cirrhose. Ruiné avant même que Mona n’apparaisse dans sa vie, il avait sombré dans l’alcool. A sa mort, la mère de Paula ne pouvait plus s’occuper seule des trois petites filles. Elle appela alors Louise pour qu’elle s’occupe d’Anne, Paula et Mona. Louise fut alors comme une mère pour elles. Puis leur propre mère s’éloigna petit à petit. Elle commença à fréquenter des étrangers. Des hommes, blonds, grands, beaux. Aucun n’était français.
Enfin, un jour, elle s’en alla. C’est Mona qui consola les deux sœurs. Mona, la plus petite, la plus fragile. Elle fut si forte ces jours-là. C’est elle qui réconfortait les deux grandes quand toutes tremblaient de peur, cachées dans une cave, alors que Louise préparait le pain et la soupe, qui les aideraient à survivre pour une semaine.
Mais un jour, Mona et Paula n’eurent plus rien à manger. Louise et Anne, qui avait alors 25 ans, étaient allées chercher des pommes de terre. Elles ne revinrent jamais. Alors Paula décida de se prendre en main, ainsi que sa protégée. Elle sortit de la cave et remonta à l’appartement.
Elle ouvrit toutes les fenêtres, l’odeur était insupportable. C’est Mona qui découvrit le corps de Louise. Nue, criblée de balles. Un soir d’étoile, Mona et Paula l’enterrèrent dans un jardin. Anne n’était pas là. Anne était partie loin aussi. Mais Anne crevait de faim. Anne vivait avec les poux. Anne pesait 35 kilos.
Paula a 20 maintenant. Elle pense à l’amour et à la vie. Elle a oublié son père, sa mère. Elle ne pense plus à Anne. Mais Mona, elle, est toujours présente dans son cœur. Paula se relève et regarde encore Mona. Elle l’embrasse sur le front. « Je vais te servir un verre de jus d’orange. Tu veux une pomme aussi pour ton petit déjeuner ? » Paula se dirige vers la cuisine. Elle ouvre tous les placards, mais seules les souris y sont présentes. Son ventre lui fait mal. Cela fait combien de temps qu'elles sont dans cet immeuble, la faim au ventre ?
Elle rêve de son enfance et ce cerisier, dans le jardin de son grand-père. Qu’ils étaient bons les fruits rouges, sucrés. Elle s’allongeait dans l’herbe haute et croquait à pleine dent une pêche, une pomme, une orange. Anne sautait près d’elle « donne-moi un morceau » ; elle se partageait le fruit de tous les désirs et elles riaient. Maintenant, Anne ne riait pas. Elle ne pouvait même plus pleurer. Un jour, elle tomba dans la grande cour du camp. Un homme, avec un gros ventre, la regarda de haut et il sortit son revolver. Maintenant, Anne n’ouvrira plus jamais ses beaux yeux.
Paula ne le sait pas. De toute façon, elle ne pense plus à Anne. Elle s’assoit sur une chaise et regarde par le trou béant de la cuisine. Elle n’a plus de mur. L’immeuble est inhabité, à part ces deux jeunes femmes.
Paula pleure. Paula prend conscience. Elle sait que sa mère est partie avec les Allemands. Mais elle est si belle, elle a du se remarier, avec un de ces hommes, blonds, grands, beaux…
Elle sait qu’elle ne peut plus tenir, Paula. Elle a faim, elle a mal. Elle retourne dans la chambre.
La chambre n’est qu’une vaste zone de poussière. Le toit est transpercé juste au-dessus du lit. Ça s’est passé cette nuit. Paula ne pouvait dormir. Elle regardait encore par la fenêtre, à imaginer une fête chez Sarah et Miguel. Mais Sarah et Miguel avaient aussi été emmenés dans un camp. Et puis, il y eut une sirène. Les Anglais. Les Allemands vont riposter.
Mais c’est Mona qui ne peut pas riposter. Pauvre petite orpheline, rousse, frêle et belle.
Paula regarde Mona. Mona dort, le ventre transpercé par un morceau de toi. Le sang est partout sur le lit. Et Paula regarde, et Paula pleure. Paula crie.
Plus tard, Paula se fera emmener à Dachau. On est en 1943.
Un jour, un garçon viendra frapper à sa porte et lui sourira. Mais Paula refermera la porte et s’allongera sur son lit. Elle se souviendra de sa mère, nouvelle allemande, de son père, victime de 1929, de Louise qui n’avait fait que protéger deux jeunes juives et leur amie. De sa sœur, Anne, victime de l’holocauste.
De Mona. Simplement victime de la fureur des hommes.
Et Paula pleure.
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« Mona. Mona. Réveille –toi. Mona, tu sais, tu dors trop. Il fait beau, il fait chaud. Viens, on va dehors. On va se promener. Au bord de la Seine, il y a des bancs. Viens, on va s’asseoir, discuter. On va fermer les yeux, se laisser aller au soleil. On va rêver éveiller. Mais il ne faut plus dormir. »
Paula ouvre les rideaux. Elle regarde par la fenêtre et regarde les passants, en bas, dans la rue. Il y en a si peu en ce moment. Surtout le soir. Le soir, quand Paula regarde par la fenêtre, il n’y a personne. La nuit, le brouillard, le froid. La ville est enveloppée mais les habitants ne sont nulle part. Le soir, quand Paula voudrait sortir s’amuser, boire, danser, aucun partenaire ne vient la chercher. Elle attend, seule, dans la cuisine décrépie mais personne ne frappe à sa porte. Elle imagine, un garçon, pas encore un homme, souriant, un bouquet de muguet dans une main, la regarder à travers la porte d’entrée : « Paula, ce soir je t’emmène. On descend au bar de Laurette, on va chanter avec les amis. Après on ira danser chez Sarah et Miguel. Tu sais, Sarah et Miguel Lévi. Et puis, avant de te ramener, on ira chez moi. On va boire, on va rire. Et je te ferai l’amour » Mais Paula attend et personne ne vient. Sarah et Miguel n’invitent plus personne. Les bars sont fermés. Son amant est loin.
Paula se retourne vers Mona, allongée sur le lit. Elle observe son amie. Si belle, si blanche. Elle a des taches de rousseur sur le nez. Elle aimerait bien que Mona ouvre les yeux. Elle aime tant la couleur de ses yeux. Ils sont marrons. Marron noisette. Ils lui rappellent les yeux de sa sœur, Anne. Anne n’ouvrira plus jamais les yeux.
Paula ouvre la fenêtre et commence à chantonner. Elle pense à sa mère, qui lui chantait si bien les airs de Zarah Leander. Elle jouait aussi du piano. Schumann, Bach. Toutes ces mélodies ont bercé son enfance. Elle se rappelle les longs cheveux blonds de sa mère. Différente de sa sœur, Paula avait pris les yeux bleus de sa mère. Mais la beauté de cette dernière est inégalable. C’est peut-être grâce à tant de beauté que sa mère avait survécu alors qu’Anne, et son père, s’étaient éteints, tous les deux, tout au début.
Paula continue de chanter et se met à virevolter. Elle sourit, elle a chaud, elle voudrait bien enlever sa robe. « Mona, réveille-toi. Mets ton maillot, on va se baigner. Il fait si chaud, je n’en peux plus. Tu sais, à force de dormir, tu vas tomber malade. Ne te mets pas dans un état léthargique. »
Paula s’assoit près de Mona et caresse ses cheveux roux. Elle a des cheveux si doux, Mona. Elle a un visage si pâle. Paula soupire et s’allonge, serrant contre elle, le corps frêle de son amie.
Elle connaît Mona depuis l’enfance. Sa mère, si belle avait recueilli Mona quand celle-ci avait perdu ses parents, morts dans un accident de voiture si jeunes. Mona aussi était très jeune. Cinq, six ans. Paula avait huit ans. Mais bientôt, le père de Paula mourra aussi, de la cirrhose. Ruiné avant même que Mona n’apparaisse dans sa vie, il avait sombré dans l’alcool. A sa mort, la mère de Paula ne pouvait plus s’occuper seule des trois petites filles. Elle appela alors Louise pour qu’elle s’occupe d’Anne, Paula et Mona. Louise fut alors comme une mère pour elles. Puis leur propre mère s’éloigna petit à petit. Elle commença à fréquenter des étrangers. Des hommes, blonds, grands, beaux. Aucun n’était français.
Enfin, un jour, elle s’en alla. C’est Mona qui consola les deux sœurs. Mona, la plus petite, la plus fragile. Elle fut si forte ces jours-là. C’est elle qui réconfortait les deux grandes quand toutes tremblaient de peur, cachées dans une cave, alors que Louise préparait le pain et la soupe, qui les aideraient à survivre pour une semaine.
Mais un jour, Mona et Paula n’eurent plus rien à manger. Louise et Anne, qui avait alors 25 ans, étaient allées chercher des pommes de terre. Elles ne revinrent jamais. Alors Paula décida de se prendre en main, ainsi que sa protégée. Elle sortit de la cave et remonta à l’appartement.
Elle ouvrit toutes les fenêtres, l’odeur était insupportable. C’est Mona qui découvrit le corps de Louise. Nue, criblée de balles. Un soir d’étoile, Mona et Paula l’enterrèrent dans un jardin. Anne n’était pas là. Anne était partie loin aussi. Mais Anne crevait de faim. Anne vivait avec les poux. Anne pesait 35 kilos.
Paula a 20 maintenant. Elle pense à l’amour et à la vie. Elle a oublié son père, sa mère. Elle ne pense plus à Anne. Mais Mona, elle, est toujours présente dans son cœur. Paula se relève et regarde encore Mona. Elle l’embrasse sur le front. « Je vais te servir un verre de jus d’orange. Tu veux une pomme aussi pour ton petit déjeuner ? » Paula se dirige vers la cuisine. Elle ouvre tous les placards, mais seules les souris y sont présentes. Son ventre lui fait mal. Cela fait combien de temps qu'elles sont dans cet immeuble, la faim au ventre ?
Elle rêve de son enfance et ce cerisier, dans le jardin de son grand-père. Qu’ils étaient bons les fruits rouges, sucrés. Elle s’allongeait dans l’herbe haute et croquait à pleine dent une pêche, une pomme, une orange. Anne sautait près d’elle « donne-moi un morceau » ; elle se partageait le fruit de tous les désirs et elles riaient. Maintenant, Anne ne riait pas. Elle ne pouvait même plus pleurer. Un jour, elle tomba dans la grande cour du camp. Un homme, avec un gros ventre, la regarda de haut et il sortit son revolver. Maintenant, Anne n’ouvrira plus jamais ses beaux yeux.
Paula ne le sait pas. De toute façon, elle ne pense plus à Anne. Elle s’assoit sur une chaise et regarde par le trou béant de la cuisine. Elle n’a plus de mur. L’immeuble est inhabité, à part ces deux jeunes femmes.
Paula pleure. Paula prend conscience. Elle sait que sa mère est partie avec les Allemands. Mais elle est si belle, elle a du se remarier, avec un de ces hommes, blonds, grands, beaux…
Elle sait qu’elle ne peut plus tenir, Paula. Elle a faim, elle a mal. Elle retourne dans la chambre.
La chambre n’est qu’une vaste zone de poussière. Le toit est transpercé juste au-dessus du lit. Ça s’est passé cette nuit. Paula ne pouvait dormir. Elle regardait encore par la fenêtre, à imaginer une fête chez Sarah et Miguel. Mais Sarah et Miguel avaient aussi été emmenés dans un camp. Et puis, il y eut une sirène. Les Anglais. Les Allemands vont riposter.
Mais c’est Mona qui ne peut pas riposter. Pauvre petite orpheline, rousse, frêle et belle.
Paula regarde Mona. Mona dort, le ventre transpercé par un morceau de toi. Le sang est partout sur le lit. Et Paula regarde, et Paula pleure. Paula crie.
Plus tard, Paula se fera emmener à Dachau. On est en 1943.
Un jour, un garçon viendra frapper à sa porte et lui sourira. Mais Paula refermera la porte et s’allongera sur son lit. Elle se souviendra de sa mère, nouvelle allemande, de son père, victime de 1929, de Louise qui n’avait fait que protéger deux jeunes juives et leur amie. De sa sœur, Anne, victime de l’holocauste.
De Mona. Simplement victime de la fureur des hommes.
Et Paula pleure.
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